verhuyck en villon

 

1. Paul VERHUYCK & Jelle KOOPMANS,Sermon joyeux et Truanderie, Villon-Nemo-Ulespiègle, Amsterdam, Rodopi, 1987, 255 pp., chapitre 1er:

FRANÇOIS VILLON ET LE SERMON DE SAINT BELIN

Un inédit de Villon? Il s'agit de la découverte du Sermon joyeux de saint Belin, lequel, dans l'exemplaire unique de la BnF, est suivi de la Ballade de l'Appel de Villon, son dernier texte, daté le 5 janvier 1463. L'analyse révèle des renvois à la Ballade dans le sermon joyeux et des renvois au sermon joyeux dans la Ballade. Les deux textes sont thématiquement et dramatiquement liés et ont été présentés ensemble. L'auteur du sermon joyeux pourrait être Villon lui-même - sinon un de ses proches. En tout cas le sermon nous montre Villon ludique et actif après la date de sa disparition (deux jours tout au plus). Le Sermon de saint Belin est ainsi le tout premier document sur la formation de la légende villonesque.

En cliquant le lien, on trouvera le texte intégral de 1987, très légèrement corrigé en 2004.




2. Paul VERHUYCK & Jelle KOOPMANS (éd.), Le Recueil des Repues franches de maistre François Villon et de ses compagnons, Genève: Droz, 1995, 205 pp. [Collection TLF, nr. 455].

Cette première édition critique, basée sur cinq incunables et neuf post-incunables, prouve qu'il faut dater le Recueil des Repues franches vers 1480 (donc une quinzaine d'années avant 1495, date proposée jadis par Pierre Champion). Le texte, long de 1192 vers, contient six repues franches, non sept comme on l'avait cru auparavant: c'est que la première repue, la plus longue (606 vv.), est subdivisée en six parties, non en cinq. Seule cette première repue est consacrée à Villon et ses compagnons: c'est sous les traits facétieux d'un pique-assiette que maistre François entre dans la légende. Dans la tradition éditoriale, le Recueil des Repues franches a eu presqu'autant de succès que les poèmes du povre Villon.

3. P. VERHUYCK & J.R. SMEETS, "François Villon, les dernières strophes du Lais: lyrique et science", Revue des Langues romanes 86 (1982) pp. 221-238.

Traduction et réécriture par P. Verhuyck d'une communication néerlandaise de J.R. Smeets sur les strophes dites scolastiques à la fin du Lais, où Villon décrit le fonctionnement du cerveau. La source en est Barthélemy l'Anglais, De proprietatibus rerum, dont un exemplaire était enchaîné dans la bibliothèque de la Sorbonne.

4. P. VERHUYCK, "Villon et Belin", dans A. Toussaint-Dekker (réd.), Congresbundel Met Frans aan de Slag, Bijdragen aan het congres georganiseerd door de sectie Frans van de VLLT op 15 en 16 maart 1991 te Noordwijkerhout, 's Hertogenbosch, KPC, 1991, pp. 84-87.

Résumé d'une communication (à un colloque de professeurs de français aux Pays-Bas) qui résume l'étude susmentionnée sur François Villon et le Sermon de saint Belin (voir ci-dessus nr. 1).

5. P. VERHUYCK, "Villon et les neiges d'antan", dans Villon hier et aujourd'hui. Actes du Colloque pour le cinq-centième anniversaire de l'impression du Testament de Villon, Bibliothèque historique de la Ville de Paris, 15-17 décembre 1989. Réunis et publiés par Jean Dérens, Jean Dufournet et Michael Freeman, Paris: Bibliothèque historique de la Ville de Paris, 1993, pp. 177-189.

Me concentrant sur le sens premier, littéral de la Ballade des Dames du temps jadis, j'ai étudié la tradition des fêtes de neiges. Ces sculptures de neiges, accompagnées de poèmes moralisateurs sur le passage du gel au dégel, constituent une tradition séculaire en Europe et sont amplement attestées avant, pendant et après la vie de Villon. Villon a vécu dans une tradition de fêtes hivernales. Il a dû voir ces statues éphémères: Flora, Thaïs, les sirènes, Jeanne d'Arc, des personnages de chansons de geste sont attestées comme figures de neiges à l'époque de Villon. Leur dégel suggère la mort. Cela donne à la Ballade des neiges d'antan une scénographie spatiale, optique, dramatique dans l'espace urbain. Il faut donc enrichir la Ballade d'un sens nouveau: le sens littéral, les neiges au pluriel!

Si tel est le cas, l'histoire du climat peut nous aider à dater la Ballade (dont la datation ne faisait pas l'unanimité). Quel fut l'hiver suffisamment froid pour permettre l'organisation d'un concours de sculptures glacées? C'est l'hiver 1457-1458 (n.st.) qui s'impose de toute évidence. Si l'on prend dès lors le mot antan ("ante annum") au sens concret qu'il avait encore au XVe siècle, il faut conclure que Villon a composé la Ballade en 1458 (1458-1459 n.st.): une nouvelle date dans la chronologie villonienne.

En cliquant le lien, on trouvera le texte intégral de 1989-1993, très légèrement corrigé en 2004.




6. P. VERHUYCK,"Villon Locataire. A propos des huitains T XCV-XCVI", dans 'Et c'est la fin pour quoy sommes ensemble'. Mélanges offerts à Jean Dufournet, 3 volumes, Paris, Champion-Slatkine, 1993, vol. 3, pp. 1435-1443 [Comité d'organisation J.C. Aubailly, E. Baumgartner, F. Dubost, L. Dulac, M. Faure].

Nouvelle tentative d'expliquer les huitains T XCV-XCVI, sans doute les plus difficiles du Testament. Il pourrait s'agir d'une évasion. L'apport certain de cet article est en tout cas la lecture "loue" au vers 1004 comme forme du verbe louer<locare et non de louer<laudare, comme toute la critique villonienne l'a fait. En effet, la lecture louer<laudare obligeait les villoniens à voir dans le vers 1005 une "ellipse pure", tout à fait suspendue en l'air, une anacoluthe grossière, une construction elliptique absolument unique et invraisemblable dans l'oeuvre de Villon. Grâce à la lecture louer<locare (sens amplement attesté en français médiéval), les vers 1004-1005 s'enchaînent parfaitement.

7. P. VERHUYCK, "L'oral et le livresque dans les Repues franches", Neophilologus 80 (1996) pp. 359-375.

Dans cet article j'essaie de montrer que le prologueur Chascun Poicdenare est l'auteur du Recueil des Repues franches; malheureusement c'est de toute évidence un nom farcesque (cf. la tradition farcesque de Plate-Bourse) cachant la véritable identité de l'auteur: sans doute un proche de Villon, libraire, acteur, auteur. L'analyse textuelle suggère un jeu entre l'oral et l'écrit, entre la fiction du livre et le fiction dramatique. Le public premier du Recueil (encore oral?) se situe dans la marginalité basochienne à Paris.

Poicdenare dit (vv. 239-243) que son recueil sera un choix: il y avait donc déjà des histoires circulant au sujet de Villon comme pique-assiette.

8. P. VERHUYCK, "De la sottie à Villon: comment ferrer une oie. Pour le commentaire des vers 1820-1827 du Testament", dans Villon at Oxford. The Drama of the Text (réd. M. Freeman & J.H.M. Taylor), Amsterdam, Rodopi, 1999, pp. 343-379. [= Actes du 2e Colloque international sur Villon, Oxford, St Hilda's College, 22-25 mars 1996].

Qui est le sénéchal camus du huitain 170 qui ferre des oies? Les tentatives d'identification de Schwob et de Longnon nous laissent sur notre faim. Il y a pourtant un maréchal qui ferre les oies: dans la Sottie des Sots qui corrigent le Magnificat, représentée en 1455, Dando, maréchal, est charivarisé avec son compagnon maistre Aliborum, "corrigeur de Magnificat", par trois jeunes sots. L'étude de cette sottie révèle que Dando et Aliborum jouent (métaphoriquement) à des jeux homosexuels et scatologiques. Cette sottie est le seul texte avant Villon à associer les oyes aux canetons, tout comme Villon associe les oyes aux canectes.

Or le huitain 170 se trouve dans une série de sept huitains (166-172), dont les légataires sont entièrement isolés des autres hoirs du Testament. Pour 4 de ces 7 légataires l'accusation d'homosexualité est reconnue presque unanimement par les villoniens (Pierre Lomer, Jacques James, Jean du Harley, les amants infirmes); pour Jacquet Cardon et Jean Chapelain, ce n'est pas certain. Mais on peut désormais y ajouter le sénéchal camus. On obtient ainsi 5 cas homosexuels sur 7! Si la suite des 7 huitains est homogène, leur place marginalisée dans le Testament correspond à celle des sodomites dans le plus bas inferno de Dante, in tenebras exteriores.

Il est fort possible que Villon ait assisté à une représentation de la sottie du Magnificat.

9. Paul Verhuyck, "Villon et l'Orfèvre de Bois. Pour le commentaire du huitain CXI du Testament", in "Contez me tout", Mélanges de langue et de littérature médiévales offerts à Herman Braet, Leuven/Louvain: éd. Peeters, 2006, pp. 393-406.

Le huitain CXI sur l'Orfèvre de Bois, Jehan Mahé, l'aide-bourreau au Châtelet, est une des strophes les plus sadiques et obscènes du Testament de Villon. Si le sens général en est manifeste, les détails résistaient à l'analyse. La recherche du sens littéral permet d'expliquer la pointe finale du huitain: Villon souhaite joindre andoulles/couëctes du bourreau aux jambons/cuz de ce même bourreau, excité par le gingembre aphrodisiaque. Ainsi la malédiction vise à torturer le tortionnaire: contrainte physique + excitation sexuelle = souffrances suraiguës.